Préambule
Nous sommes de gauche. Nous sommes écologistes.
Nous sommes les héritiers et les
héritières d’un long combat. Nous ne sommes pas les enfants du hasard
mais d'un idéal : le droit absolu et irréductible des êtres humains à
vivre libres et égaux et à mourir dans la dignité. Il n'est pas d'ordre
établi qui ne puisse s’inverser, d'injustices et de misères qu'on ne
puisse éradiquer.
Cet idéal est celui des Lumières et de la
Révolution française. Plus de deux siècles plus tard, notre résolution
demeure intacte et nécessaire.
Les yeux bien ouverts et le cœur vigilant, nous savons que
des injustices criantes demeurent, que des formes nouvelles de
domination émergent. L’espèce humaine est menacée par une course absurde
et destructrice au profit, dans une atteinte toujours plus irréversible
à la nature. Le principe même d’égalité entre les êtres est contesté.
Nous sommes portés par le devoir de
réduire les fractures incessantes entre l’idéal et le réel. Face aux
tensions d’une époque, face aux mutations d’un monde troublé, face à la
menace climatique, face aux peurs et à l’ampleur de la tâche, nous nous
rassemblons pour porter haut la perspective du progrès humain –
c’est-à-dire l’aspiration simple à une vie meilleure pour les femmes et
les hommes d’aujourd’hui et les générations à venir.
Voilà la raison même de l’existence de notre mouvement.
Nous sommes les filles et les fils des mouvements ouvriers dont les
sacrifices, le sang, les chants et la force ont arraché l’individu à la
misère où l’avait placé le système capitaliste. Nous sommes les filles
et les fils de la Commune, des suffragettes, du Front Populaire, de la
décolonisation et du programme du Conseil national de la Résistance qui
proclamèrent, en des « jours heureux », l’inviolabilité de nos droits fondamentaux politiques, écologiques et sociaux.
Nous sommes les descendants et
descendantes de tous les combats humanistes, féministes, écologistes et
progressistes, de l’abolition de l’esclavage à celle de la peine de
mort, du refus de toutes les oppressions et de la quête constante de
l’émancipation individuelle. Nous croyons à la tempérance et à la
nécessité de dépasser un système capitaliste qui réduit le vivant à une
donnée économique et dévaste les forêts, les océans et la biodiversité.
Nous faisons nôtre la charte des Verts
mondiaux qui fait de la préservation de notre Terre et des générations
futures la ligne centrale de toute politique éthique. Nous nous
inscrivons dans la tradition des combats ouverts à Porto Alegre en 1994
en faveur d’une mondialisation bienveillante, opposée à la dictature du
libre-échange et de la financiarisation de l’économie. Nous croyons
farouchement à la force supérieure de la coopération sur la compétition.
Nous sommes enfin de tous ceux et de
toutes celles qui, en France et dans le monde, pensent, imaginent et
agissent contre un système néo-libéral qui accroît sans cesse la
pauvreté, les inégalités et la violence. A tous ceux et toutes celles
qui confisquent le pouvoir, qui refusent obstinément de faire confiance
aux citoyens et citoyennes parce que le monde serait devenu trop
complexe, qui rêvent d'un monde élitiste et oligarchique, nous rappelons
qu'il n'est de souveraineté que dans le peuple et qu'il n'est pas de
démocratie sans lui.
Au moment où nous vivons une mutation
inédite de nos sociétés, où la révolution numérique accélère la
métamorphose du travail, supprime des millions d'emplois et permet à de
grands consortiums privés de prendre possession de nos vies en
s’appropriant nos données personnelles, il est temps d'agir pour
concilier innovation technologique, progrès humain et protection de la
nature.
Nous voulons le bien-être au travail, et
plaçons l’être humain au centre des activités de production et de
création. Au moment où les grands intérêts privés accaparent la richesse
au détriment des biens communs et de l’intérêt général, où les
citoyennes et citoyens se sentent dépossédés de leur pouvoir et où
l’individu est souvent invisible et méprisé, il est temps d’agir pour
qu’ensemble, nous reprenions confiance en notre capacité collective à
changer le monde.
Notre volonté est immense. Nous savons
qu'il n'est pas d'ordre établi, d'injustices immuables, de misères que
l'on ne peut abolir. Jamais sans doute autant de citoyennes et citoyens
n’ont exprimé le besoin de vivre en harmonie avec leur environnement,
d’éradiquer la pauvreté, de créer des solidarités nouvelles, de dépasser
enfin le consumérisme et le productivisme, d’en finir avec la
concurrence pour aller vers la coopération, la réussite de toutes et
tous et l’épanouissement de chacun.e.
Pour toutes les générations présentes et
futures, c’est notre responsabilité, notre engagement et la société à
laquelle nous aspirons.
L'Égalité
Les êtres humains sont égaux. Cette
égalité est même le fondement premier de nos valeurs. De celle-ci
découlent nos combats pour la démocratie, la justice sociale et
l’écologie.
Les différences ne fondent aucune
hiérarchie dans les domaines politique, économique, social et culturel,
dans ce qui relève de la « chose publique ». Il n’y a pas de liberté
sans égalité et la liberté de chacun.e est conditionnée à celle des
autres. Le respect de la loi est impératif tant que sont préservés les
principes d’égalité et de liberté.
Notre mouvement s’inscrit dans la
continuité du combat de Jaurès en affirmant pour objectif principal la
suppression des dominations sociales fondées sur la propriété des moyens
de production et d’échange ou sur les inégalités sociales, des
hiérarchies fondées sur l’identité de genre, sur la classe sociale, sur
l’orientation sexuelle, sur l’origine géographique ou culturelle.
Nous nous engageons pour l’égalité des territoires, qui
doit réparer les fractures entre la ville et la campagne, le
centre-ville et la banlieue, la métropole et les Outre-mer. Aucune
émancipation n’est possible si elle est fondée sur la compétition et la
concurrence en tant que valeurs. Elles ne sont que des masques usés qui
cachent l’inégalité réelle au nom d’une chimérique égalité des chances.
Voilà pourquoi le Mouvement se bat pour
une société basée sur le principe de coopération entre égales et égaux,
où, pour tout ce qui relève de l’activité collective, l’égalité des
droits et des devoirs entre citoyennes et citoyens doit être entière.
L'Écologie
La dette écologique ne peut se négocier à
la différence de la dette financière. La première ne peut pas être
subordonnée au remboursement de la seconde.
La course effrénée aux profits et la
logique productiviste ne se contentent pas d’exploiter le travail des
humains, elles exploitent sans limite les ressources naturelles. Elles
mutilent la nature, maltraitent les animaux, et mettent en péril les
écosystèmes de la Terre.
Nous croyons aux progrès de la science et
à la conquête du bien-être universel – dès lors que ces avancées
s’effectuent dans la connaissance et le respect de la nature. Nous
rejetons le dogme de la croissance matérielle sans fin comme indicateur
universel du bien être.
Nous lui opposons des indicateurs de
développement et d’émancipation qui s’affranchissent de la mesure du PIB
pour intégrer l’exigence de la transition écologique, de la bonne
santé des humains et du monde vivant, de la biosphère, de l’éducation et
de la culture.
Nous défendons la reconnaissance par la
France, l’Europe et la communauté internationale des biens communs :
l’eau, l’air, les sols, la forêt, les océans, la biodiversité –
patrimoine qu’il faut protéger, restaurer et gérer collectivement pour
permettre à l’humanité de retrouver l’harmonie avec son milieu.
Nous savons la valeur de la terre. Nous
savons la valeur du vivant et des sols naturels dont la consommation par
l'urbanisation spéculative et l'imperméabilisation galopante réduisent
notamment le potentiel agricole.
Loin d'une agriculture industrialisée et
financiarisée dont la rentabilité repose sur l'emploi exponentiel de
produits chimiques aux effets délétères sur notre santé et celle des
générations à venir, nous soutenons une agriculture paysanne et
écologique relocalisée pour assurer une production alimentaire
biologique, saine et durable.
L’avenir de l’Humanité est menacé par le changement climatique et le
consumérisme effréné. Nous voulons lui opposer des
échanges économiques sobres en carbone, favorisant les circuits courts,
les productions locales et l’économie circulaire. Alors que les crises
humanitaires se multiplient, nous défendons un modèle de développement
de transition qui implique la conversion écologique de l’économie,
débarrassée du nucléaire. Nous voulons promouvoir l’économie sociale et
solidaire et toutes les formes d’entreprises et d’entrepreneuriat qui
intègrent des principes démocratiques, limitent la lucrativité et
améliorent les conséquences environnementales et sociales de leurs
activités.La Démocratie
L’égalité des droits et des devoirs, la
fraternité, la liberté personnelle et collective d’opinion et
d’expression : voilà ce qui fonde la démocratie comme principe supérieur
d’organisation sociale. La liberté de la presse et l’indépendance de la
justice en sont notamment les garants.
Dans le domaine des institutions, nous
promouvons une démocratie représentative et participative, la séparation
entre pouvoirs législatif et exécutif et non la prééminence de ce
dernier.
Nous croyons en une République régie par
la devise du gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.
Nous croyons en l’intelligence collective et refusons toutes les formes
de démocratie amoindrie qui subordonnent le destin de notre pays au
« génie » d’un ou d’une seul.e.
Nous voulons fonder une nouvelle République démocratique et participative, écologique et sociale, laïque et décentralisée.
Nous affirmons le droit inaliénable à la
sûreté et la sécurité. La puissance publique doit organiser la
protection des citoyens et citoyennes tout en garantissant nos droits et
nos libertés fondamentales.
Dans le champ économique et social, nous
nous inscrivons dans le combat et la promesse socialistes qui ne
concevaient pas d’émancipation possible si la démocratie était interdite
de franchir les portes de l’atelier. La démocratie n’est pas une oasis
qui se limiterait à l’exercice intermittent du droit de vote pour élire
des représentant.e.s.
Le peuple n’est pas un lobby parmi
d’autres. Notre projet est plus que jamais la démocratie jusqu’au bout,
la démocratie continue, et notre souverain exclusif demeure le peuple.
Nous refusons le seul pouvoir des grands actionnaires privés et
promouvons l’entreprise avec ses déclinaisons plurielles, non comme une
propriété mais comme une co-existence d’acteurs, où les salarié.e.s
co-élaborent et co-décident.
Nous promouvons le changement d’échelle
de l’économie sociale et solidaire, modèle d’avenir des relations de
production et d’échange. Nous combattons pour l’application des
conventions internationales du travail, pour garantir la liberté
syndicale et pour la préservation des institutions représentatives du
personnel.
Le droit de chacun.e d’accéder librement à la culture est reconnu comme un droit démocratique.
La Justice sociale et les solidarités
Nos sociétés sont traversées par des
rapports de domination et d’exploitation. Les conflits d’intérêt entre
classes sociales subsistent et se sont accentués depuis l’essor de la
révolution néolibérale des années 1980 et la mondialisation, notamment
financière.
L’individualisation du travail et la
crise de la société salariale ont altéré la conscience de classe mais
pas la réalité des processus de soumission du plus grand nombre aux
intérêts d’une infime minorité.
Loin d’engendrer une prospérité partagée,
la financiarisation de l’économie est responsable de l’accroissement
des inégalités. Nous voulons donc la justice par la redistribution des
richesses à l’échelle nationale, européenne et internationale. Ces
transferts s’opéreront par l’impôt à travers les services publics,
l’éducation, les politiques de santé, l’augmentation des salaires, la
réduction du temps de travail, le Revenu Universel d’Existence, les
péréquations entre territoires et la solidarité internationale.
Vouloir la justice sociale ne se réduit
pas à une meilleure redistribution des richesses. Il ne peut y avoir de
République réalisée sans la certitude pour chacun.e d’échapper à toutes
les formes de domination. En premier lieu, nous combattons pour
l’égalité entre les femmes et les hommes dans le droit et dans les
faits. Nous reprenons à notre compte l’engagement d’Aimé Césaire qui
rappelait que le combat commun des travailleurs n’effaçait pas la
persistance des discriminations fondées sur la couleur de peau. Cela est
tout aussi vrai pour toutes les discriminations fondées sur la culture,
la croyance, l’orientation sexuelle ou le handicap.
Notre combat pour la justice embrasse la
lutte contre tous les processus de domination culturelle qui, à force de
stéréotypes dégradants, refusent aux personnes discriminées la
jouissance d'une citoyenneté pleine et entière.
Voilà pourquoi nous prônons la laïcité
telle qu’elle fut introduite en 1905 en séparant le religieux du
politique et en assurant à chacun et chacune la liberté de ne pas croire
ou de pratiquer le culte de son choix.
L’éducation, contre l’ignorance et tous
les obscurantismes est la clé de l’émancipation et de l’épanouissement
des individus. Nous voulons une éducation humaniste, capable d’ouvrir
pour chaque personne des perspectives pour se réaliser comme individu
tout au long de la vie et pas seulement de préparer l’insertion
professionnelle immédiate. Nous défendons le vieux rêve de Victor Hugo
de l’éradication de la pauvreté : un impératif moral, social et
économique. Chaque citoyenne et citoyen doit voir ses droits
fondamentaux – se loger, se nourrir, travailler, se cultiver, se
soigner, s’éduquer et vivre en sécurité – assurés tout au long de sa
vie.
Nous militons pour démarchandiser les
rapports sociaux. Cette ambition implique de repenser notre rapport au
travail. Le Revenu Universel d’Existence, nouveau pilier de la Sécurité
sociale, doit être créé pour garantir des revenus décents. Il assurera
dignité et autonomie à chacune et chacun, permettant la création d’un
rapport de force plus favorable entre travailleurs et employeurs. Nous
reprendrons sous des formes variées la marche vers la réduction du temps
de travail.
Une Europe démocratique, écologique et sociale
Nous sommes Européens et Européennes.
Nous voulons poursuivre le processus de rapprochement des peuples et la
réalisation d'une Europe fédérale.
Le projet européen, pensé comme un
antidote à la guerre doit se transformer en un projet émancipateur pour
les citoyens et citoyennes. Cette perspective s’est évanouie dans les
politiques néolibérales austéritaires et dérégulatrices mises en œuvre
par l’Union européenne. Bafouant régulièrement la démocratie, le
néolibéralisme a enfermé l’Europe dans une impasse qui alimente les
nationalismes et menace sa propre existence.
Le rebond n’est pas dans le repli
souverainiste. Nous défendons un agenda progressiste, démocratique et
transnational comme alternative à l’impasse néolibérale et nationaliste.
Parce que l'Europe est l’échelle
pertinente pour affronter les défis du siècle, l’Union européenne doit
porter la transition écologique, le juste échange en matière
commerciale, l’accueil solidaire des réfugiés, la lutte contre le
dumping fiscal et social. Ces objectifs ne seront atteints que par
l’alliance des gauches européennes.
L'Internationalisme
Nous voulons retrouver la ferveur des engagements internationalistes des femmes et des hommes qui ont fondé la gauche.
Le premier des défis, c'est l'écologie
car c'est la survie de l'humanité qui est en jeu. Mais les défis sont
nombreux : celui de la paix dans un monde de plus en plus ravagé par les
crises humanitaires, celui de la solidarité pour celles et ceux qui en
sont victimes, celui de la défense des droits humains et de la
démocratie, celui de la répartition des richesses pour des sociétés plus
égalitaires. Dans un monde qui se complexifie, d'autres enjeux
apparaissent, comme ceux de la privatisation des données individuelles
et de la neutralité du Net, ou encore de l'évasion fiscale.
Nous œuvrerons pour une gouvernance
mondiale qui fera du multilatéralisme un outil incontournable dans la
résolution des crises en agissant tant sur leurs causes que sur leurs
effets.
Nous construirons des convergences avec
tous les collectifs qui partagent nos valeurs : mouvements, partis,
syndicats, associations, sociétés civiles en mouvement, réseaux aux
échelles locale, nationale, européenne et mondiale. Avec eux, nous
mènerons des combats communs pour promouvoir la démocratie, la justice
sociale, l’écologie et la solidarité internationale.
Parce que nous estimons que ce qui nous
rassemble en tant qu'êtres humains est plus important que ce qui nous
divise, et que nous sommes toutes et tous engagés dans un avenir commun, l'internationalisme est au cœur de nos valeurs.
Ce combat nécessite des alliés à travers
le monde. Nous bâtirons donc une alliance internationale des
progressistes, en nous affranchissant du tropisme occidentaliste, pour reconstruire les liens entre les peuples autour de la promotion et la défense des biens communs.

Commentaires
Enregistrer un commentaire
Les commentaires sont les bienvenus quand ils sont courtois et qu'ils enrichissent les débats